Scandale en Pologne

Posted Sunday, April 4, 2004

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POLOGNE Des élections anticipées semblent de plus en plus probables.
Nouveau scandale à Varsovie
Bernard Osser [07 avril 2004] (le Figaro)

Un air de scandale flotte sur Varsovie où une affaire en chasse une autre, avec pour principaux acteurs des dirigeants de la gauche au pouvoir. À moins d'un mois de l'adhésion de la Pologne à l'UE, la perspective d'élections anticipées semble désormais de plus en plus probable.

Le dernier scandale en date a frappé le chef de la diplomatie polonaise, Wlodzimierz Cimoszewicz. À la surprise de tout le monde, il a démissionné lundi soir de son poste «se sentant politiquement responsable» de la publication par un hebdomadaire satirique d'archives confidentielles de son ministère. Le premier ministre polonais, Leszek Miller, qui a lui-même annoncé son départ pour le 2 mai, a refusé cette démission au bout de 40 minutes estimant qu'il était «dans l'intérêt de la Pologne que tous les travaux liés à notre adhésion à l'Union européenne soient achevés».

Le journal Nie de Jerzy Urban, ancien porte-parole du gouvernement communiste du général Wojciech Jaruzelski, affirme dans son édition de lundi être en possession de 12 disques durs avec des archives du ministère de 1992 au 2004. Au total, 6 000 documents, à commencer par le groupe sanguin du ministre (O Rh-) et le numéro de son passeport, en passant par les contrats d'achat d'armements et jusqu'aux schémas d'organisation des services de renseignements dans les ambassades polonaises à travers le monde. Plusieurs enquêtes ont été immédiatement lancées pour déterminer l'origine de ces fuites inédites.

L'annonce de la démission de Cimoszewicz est intervenue quelques heures seulement après un autre coup de théâtre qui a secoué la scène politique polonaise. La commission parlementaire d'enquête chargée de l'affaire Rywin, le plus grand scandale de corruption de la Pologne post-communiste, a adopté, avec les voix de la gauche du SLD au pouvoir, son rapport final qui blanchit cette fraction de toute responsabilité politique.

Le premier ministre lui-même était cité nommément dans cette affaire par Lew Rywin, en personne. C'est en son nom que ce coproducteur du film à oscars, Le Pianiste, aurait demandé en 2002 au groupe Agora, propriétaire du principal quotidien polonais Gazeta Wyborcza, un pot-de-vin de 17,5 millions de dollars pour un amendement à la loi sur l'audiovisuel qui lui permettrait d'acheter une télévision privée. Cette version des faits a été niée par Miller jusqu'au Tribunal où il a comparu comme témoin au procès de Rywin.

Le premier ministre, qui ne jouit dans les sondages que de 4% d'opinions favorables, vient d'être accusé par ailleurs vendredi par son ancien ministre du Trésor, Wieslaw Kaczmarek, d'avoir utilisé les services secrets pour empêcher la signature d'un contrat d'une valeur de 14 milliards de dollars par le plus grand groupe pétrolier polonais Orlen.

Toutes ces affaires interviennent au moment où l'économiste Marek Belka, pressenti par le président Aleksander Kwasniewski pour succéder à Miller, peine à trouver un soutien politique au Parlement. Ses chances sont de plus en plus faibles avec une scission au sein du SLD, soutenu uniquement par 7% d'électeurs, et la montée du parti libéral PO et de la formation populiste Samoobrona (Autodéfense) qui approchent chacun la barre de 30% et réclament des élections législatives anticipées à l'automne, un an avant la date prévue.

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